Marché du Private Equity en 2023 : quelles tendances ?

Le marché du Private Equity est à son tour impacté par la conjoncture économique actuelle. De nombreux facteurs agitent ce marché et génèrent des incertitudes pour les investisseurs.

Quel est l’impact de l’inflation, de la crise sanitaire, de la pression écologique et de la hausse des taux d’intérêts sur le marché ? Malgré ces perturbations, en quoi l’investissement dans le Private Equity est-il toujours générateur d’opportunités ?

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Le Private Equity agité par un contexte économique incertain

Nous nous trouvons actuellement dans un contexte inflationniste qui a pour impact d’éroder les marges des entreprises. Celles-ci se voient alors dans l’obligation d’augmenter leurs prix, mais aussi d’innover pour se différencier sur un marché tendu.

Le vieil adage selon lequel “la nécessité est mère de l’invention” n’aura jamais été aussi vrai. On l’a vu, par exemple, avec l’augmentation sans précédent des investissements dans les solutions innovantes pour la gestion du transit des biens et services, depuis le début de la COVID-19. Nous assistons également à l’augmentation de l’intérêt que portent les institutions financières à la digitalisation au sens large et à la diversification de l’offre de produits de hedging financier à long terme.

Face à cela, nous observons une augmentation des taux d’intérêt qui a pour effet de renchérir le coût du crédit et d’impacter les conditions des leveraged buy-out (LBO). Une opération de fusion-acquisition consiste à emprunter de l’argent pour acheter des parts d’entreprise. Or, la hausse du coût de l’argent a pour effet de disqualifier un nombre important d’investisseurs qui seraient intéressés par ce genre d’opportunités, ce qui génèrent un ralentissement considérable d’opérations de fusion-acquisition. Le monde des opportunités d’arbitrage en “Buy Low, Sell High” est en train de se dissiper petit à petit dans ce contexte d’insécurité des marchés financiers.

Le monde de la finance est aussi impacté par la transition énergétique. Une transition qui représente un coût très important et très urgent pour les petites et moyennes entreprises, notamment dans le contexte géopolitique actuel. On observe de plus en plus d’obligations de faire apparaître ces coûts dans les business models des entreprises demandeuses de financements.

L’inflation, la hausse des taux d’intérêt et l’importance montante de la transition énergétique sont les trois principales influences qui tiraillent aujourd’hui à la fois les bailleurs de fonds ainsi que les demandeurs de financements.

Les tendances 2023 des marchés financiers

Une volonté de démocratiser le Private Equity

Les fonds de Private Equity se tournent de plus en plus vers le retail. Les Européens ont accumulé 600 milliards d’euros d’épargne qui viennent s’ajouter aux 1.400 milliards d’euros du stock d’épargne pré-COVID-19. Ce stock attire les institutions financières et les fonds, dans leurs diversités, et bien sûr les fonds de Private Equity. On observe une certaine volonté de démocratiser le Private Equity en amenant les prix des tickets d’investissements à l’entrée au plus bas. Aujourd’hui, on peut participer à un fond de Private Equity à partir de 5 000 €, ce qui n’était pas possible il y a à peine 5 ans.

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La tendance accrue de la spécialisation et de la concentration

On remarque aussi que la dispersion des performances dans le Private Equity est de plus en plus importante. Elle s’approche considérablement de ce qu’on peut voir dans les actifs côtés, ce qui implique un besoin de sélection extrême et un effort de spécialisation de plus en plus présent.

Aujourd’hui, on trouve de moins en moins de fonds d’investissements diversifiés dédiés à tous les secteurs, nous assistons à un réel focus sectoriel par mandat d’investissement. L’objectif de cette spécialisation est de réduire les risques liés à l’investissement en faisant intervenir des cabinets de conseil spécialisés pour faire valoir davantage les opportunités d’investissement.

La croissance du Private Equity Immobilier

Une autre tendance remarquée est la croissance du Private Equity Immobilier. L’investissement immobilier est un investissement tangible, qui offre une sécurité plus importante et un risque réduit qui s’inscrit dans une approche long-thermiste.

Le Private Equity Immobilier consiste en la transformation ou la restructuration de biens immobiliers existants. On l’observe notamment dans les opérations de transformation de bureaux en appartements, suivis de revente en bloc ou de découpes d’appartements en contexte post-COVID 19.

A la différence du modèle traditionnel des SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier), le Private Equity se veut concentrique. Les fonds d’investissements travaillent sur des petits projets de 30 à 50 millions d’euros avec 1 ou 2 gros bâtiments et proposent des tickets d’entrée en investissement avec des prix de moins en moins élevés. Comme évoqué précédemment, on peut participer à ce type de projet à partir de 10 ou 20 000 €, certains gestionnaires de patrimoine commencent même à s’ouvrir à des tickets à 5 000 €.

La croissance des fonds de continuation

Nous avons pu observer une croissance forte des fonds de continuation. Aujourd’hui, à la fin d’un cycle d’investissement classique en fonds de Private Equity à horizon moyen de 10 ans, plusieurs choix s’offrent à l’investisseur :

  • Une liquidation classique de sa position en portefeuille par la revente de ses parts sur le marché secondaire.
  • La reconduction de ses parts au travers des fonds de continuation : une alternative très intéressante qui permet aux investisseurs de garder le contrôle des actifs aux rendements les plus forts dans leur portefeuille et aux entreprises de rester avec des investisseurs qu’elle connait déjà.

L’impact des réglementations ESG

Les règlementations liées aux aspects environnement, sociaux et de gouvernance (ESG) impactent également le private equity et les indicateurs ESG sont de plus en plus surveillés. On peut noter la nouvelle directive de l’UE relative à la divulgation des informations sur le financement durable publiée en 2021, qui oblige les sociétés de gestion en capital investissement à publier leurs indicateurs d’ESG dans une optique de transparence continue.

Le changement climatique est un sujet universel qui est de plus en plus dans les esprits des investisseurs, comme dans ceux des employés des sociétés de gestion. Les sociétés de gestion sont donc aujourd’hui plus sensibles dans leurs choix d’investissement et beaucoup choisissent d’être plus respectueux de l’environnement et de l’impact qu’ont leurs activités sur la société.

Investissement dans le Private Equity : les opportunités à saisir

Les due diligences minimisent les risques

L’investissement en Private Equity est ce qu’on appelle un investissement “Slow Pace” (à rythme lent). Pour investir dans une société privée via un fonds de Private Equity, il peut se passer entre deux et quatre ans entre l’engagement des investisseurs et le véritable déploiement en appel de fonds. Cette période est assez longue car implique tout un travail d’analyse des opportunités d’investissement avant la décision d’investissement. Durant cette phase de « due diligence », les sociétés de gestion évaluent les forces et faiblesses des sociétés demandeuses d’investissements, en faisant appel à des prestataires externes et des spécialistes par secteur. C’est une démarche coûteuse pour les investisseurs, mais très utile sur le long terme pour minimiser les risques.

Un suivi strict du cycle d’investissement

Contrairement aux banques, les sociétés de Private Equity offrent un véritable accompagnement aux sociétés investies. Les chefs de projets assurent un suivi mensuel, trimestriel, semestriel et annuel pour suivre l’avancement dans le cycle d’investissement. L’investissement Un investisseur peut bénéficier d’une surveillance des sociétés investies grâce à un certain nombre d’indicateurs préétablis avant le déblocage financier, permettant d’assurer que le placement soit sûr et aligné sur l’objectif initial du mandat d’investissement.

Co-investir avec une société de gestion spécialisée pour renforcer la sécurité

Malgré le contexte actuel, on peut aussi renforcer la sécurité des investissements en faisant participer la société de gestion à l’effort d’investissement (opérations de co-investissement). En investissant en tant qu’institutionnel, particulier ou investisseur solo avec des sociétés de gestion spécialisées, on bénéficie d’un “partage” des risques.

La société de gestion touche des carried interests basées sur les rendements générés et apporte une capacité d’analyse supplémentaire des opportunités d’investissement, renforçant ainsi la sécurité des investissements.

Conclusion

La hausse du service de la dette ces derniers mois, ainsi que l’inflation et la volatilité des marchés, ont eu une pression négative sur le financement du Private Equity. Cela se manifeste principalement par une réticence accrue et des cycles de due diligence plus longs pré-investissement.

Néanmoins, il n’y a, à ce jour, aucune pénurie de capitaux dans ce marché. On parle plutôt d’une réorientation des capitaux. Ceux-ci auront de plus en plus vocation à renforcer les entreprises privées les plus résilientes dans un contexte d’incertitude et de volatilité des prix.

Wafed S.

     Par Wafed Souissi
     Managing Consultant chez AssetValue Consulting